Confronté à une « mutinerie » au sein de son gouvernement et du Parti conservateur, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’accrochait au pouvoir jeudi, au lendemain d’une journée noire marquée par une avalanche de départs du cabinet et des appels toujours plus nombreux à la démission.
« Johnson se bat pour sa survie », titrait jeudi en Une le Times, résumant le sentiment de la presse britannique après ce que le Daily Telegraph qualifiait de « mutinerie » du gouvernement, qui a abouti en deux jours au départ de plusieurs dizaines de ministres et de conseillers.
La valse des démissions a commencé mardi soir quand, sans crier gare, les ministres de la Santé Sajid Javid et des Finances Rishi Sunak ont claqué la porte, suivis par d’autres membres du gouvernement, de rang moins élevé.
Mercredi soir, le nombre de départs s’élevait à une quarantaine, dont le ministre chargé du Pays de Galles Simon Hart.
Englué dans des scandales répétés, accusé de mensonges répétés, Boris Johnson a balayé toute la journée les appels à la démission venant y compris de ses fidèles, limogeant dans la soirée son ministre Michael Gove, chargé du rééquilibrage territorial, qui dans la matinée l’avait lui aussi appelé à partir.
Selon des médias britanniques, plusieurs ministres de premier plan lui ont demandé de démissionner tant la situation est devenue intenable. Parmi les noms cités, la ministre de l’Intérieur Priti Patel et Nadhim Zahawi, moins de 24 heures après sa nomination comme ministre des Finances.
Aux ministres comme aux députés, Boris Johnson a rétorqué qu’il voulait rester pour se consacrer « aux problèmes extrêmement importants » auxquels le pays est confronté, selon la presse.
« Nous allons continuer avec le gouvernement de ce pays », a assuré le Premier ministre dans l’après-midi face aux chefs des commissions parlementaires, quelques instants après avoir affirmé qu’il passait une semaine « formidable ».
Combattif, Boris Johnson a jugé qu’il ne serait pas « responsable » de quitter le pouvoir dans le contexte actuel, entre crise du pouvoir d’achat et guerre en Ukraine.
Un peu plus tôt, lors de la séance hebdomadaire de questions devant les députés, ponctuée de rires et de moqueries, il avait affirmé que le « mandat colossal » qui lui avait été confié par les électeurs en 2019 lui conférait le devoir de « continuer ».
Le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer a fustigé un « spectacle pathétique » de fin de règne, tandis que le leader du parti nationaliste écossais SNP à la Chambre des communes Ian Blackford a exigé la tenue d’élections anticipées. Une idée que Boris Johnson a rejetée d’un revers de main.