Chroniques d'Ukraine : Volontaire pour entrer en guerre.
Dans Chroniques d'Ukraine, le chercheur Romain Huët nous raconte comment la guerre change le quotidien d'une population. Sur le terrain durant les mois d'avril et de mai 2022, il documente le conflit au plus près pour The Conversation.
Kiev, le 20 avril 2022. Il y a deux mois, la ville s'est vidée de ses habitants et de ses commerces . En dépit de sa splendeur, l'absence de vie la rend froide et angoissante.
La célèbre place Maïdan est silencieuse. Les larges boulevards pavés sont parsemés d'obstacles antichars qui ne gênent que quelques voitures. À la beauté de cette ville, il manque la vie, les embouteillages, la légère nervosité, les gens solitaires qui se détestent à leurs occupations, ces milliers d'itinéraires qui se croisent en s'ignorant. Ce jour-là, alors que je marche dans la ville, la foule me manque.Pourtant, les habitants descendirent progressivement à Kiev. On y fait ses cours facilement. Quelques cafés commencent à ouvrir à nouveau. Le danger ne se fait plus sentir. Le centre-ville est épargné des destructions. Ce sont surtout les quartiers autour de la ville qui ont été visés. L'armée russe s'est trouvée à une dizaine de kilomètres avant d'abandonner son objectif pour se répliquer dans le Donbass.J'ai rendez-vous avec Sergueï, membre d'un centre de volontariat. Une centaine de ces centres se sont déployés dans toutes les villes d'Ukraine. Ils sont composés de civils. Leur rôle est d'organiser l'aide d'urgence (produits de première nécessité) ou d'acheminer du matériel militaire. Ces centres se distinguent de la « défense territoriale » dont le but est, au côté de l'armée, de protéger par les armes la ville.Ces centres de volontariat sont d'une importance considérable. La résistance ukrainienne aurait sans doute été rapidement écrasée si les civils ne s'étaient pas massivement mobilisés pour faire face à l'invasion de leur territoire par les Russes. La population se dresse dans l'urgence et dans la terreur du feu.