L’équipe de France s’est qualifiée, mercredi, pour la quatrième finale mondiale de son histoire, en mettant fin aux rêves du Maroc (2-0). Elle affrontera l’Argentine de Lionel Messi, dimanche, pour une troisième étoile.
Le football français s’est trop longtemps complu dans un rôle de perdant magnifique pour oser faire la fine bouche. Mercredi 14 décembre, dans le stade Al-Bayt, dans le nord du Qatar, l’équipe de France n’a pas joué sa meilleure partition de la Coupe du monde, mais elle a évité les fausses notes et dominé le Maroc en demi-finale (2-0).
Aux antipodes des intenses et interminables manifestations de joie des Argentins, vainqueurs la veille (3-0) des Croates, les Bleus ont eu le triomphe modeste sur la pelouse. Le sentiment du devoir accompli, sans doute, et par respect pour un adversaire valeureux mais moins galonné. Face au séisme d’enthousiasme provoqué par le Maroc, première équipe africaine dans le dernier carré du tournoi mondial, les coéquipiers du capitaine Hugo Lloris savaient qu’une élimination leur aurait été reprochée. Quand bien même l’objectif initial des demi-finales avait été atteint, après avoir dégoûté les Anglais cinq jours plus tôt en quart de finale.Il y a eu Saint-Denis, Munich, puis Saint-Pétersbourg ; il y aura désormais Al-Khor. L’histoire retiendra que c’est dans cette localité de 30 000 habitants au milieu du désert que l’équipe de France s’est qualifiée pour sa quatrième finale de Coupe du monde en vingt-quatre ans.
Pour ces Bleus, une qualification en finale évoque un train qui arrive à l’heure. C’est pourtant d’une difficulté rare : avant 1998, date du premier sacre tricolore, jamais les Français n’étaient parvenus en finale alors que la première édition de la compétition remonte à 1930. Et en cas de titre – ce serait le troisième –, dimanche, contre l’Argentine de Lionel Messi (à 16 heures, heure de Paris), les Bleus rejoindraient dans l’histoire l’Italie (1934 et 1938) et le Brésil de Pelé (1958 et 1962), seules sélections à avoir remporté successivement deux trophées mondiaux.
Désormais, le succès insolent, voire arrogant, de la France n’est pas sans évoquer son ancien meilleur ennemi footballistique : l’Allemagne. Entre 1974 et 1990, l’équipe de la République fédérale (RFA) avait disputé le même nombre de finales pour deux sacres. Et les joueurs ouest-allemands avaient brisé les rêves de quelques esthètes : les Pays-Bas de Johan Cruyff en 1974, l’Argentine de Diego Maradona en 1990 ou la France de Michel Platini lors de deux demi-finales, en 1982, en Espagne, et en 1986, au Mexique.