Les bruits des scies électriques résonnent dans les montagnes du sud du Yémen ravagé par la guerre, alors que le bois des arbres est devenu une source d'énergie alternative pour les habitants d'un pays pauvre confronté à l'une des pires crises humanitaires au monde.
Le Yémen n'a pas été épargné par l'inflation mondiale et les prix élevés de l'énergie, bien qu'il soit largement coupé du monde en raison de la guerre en cours depuis 2014 entre les forces fidèles au gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite et les Houthis, proches de l'Iran.
Ce conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, a également détruit une économie très fragile, poussant une grande partie des quelque 30 millions de Yéménites au bord de la famine et de la famine.
À la périphérie de la ville de Taiz, dans le sud-ouest du pays, assiégée par les Houthis mais toujours sous contrôle gouvernemental, Hussein Abdul Qawi et ses collègues ramassent du bois d'arbres fraîchement coupés dans une forêt avant de le jeter à l'arrière d'une camionnette
Nous avons commencé à abattre des arbres et à les " vendre parce que nous n'avons pas d'autre moyen de vivre", a déclaré à l'AFP Abdel-Qawi, décrivant une autre "catastrophe" pour le Yémen.
La reprise mondiale post-COVID-19 et la guerre en Ukraine ont provoqué une hausse des prix du pétrole au cours de l'année écoulée et sont devenus instables.
Devant la boulangerie Abdul Salam Dabouan d'un centre commercial de Taiz, des bûches et des branches coupées sont entassées, avant d'être brûlées dans des fours pour préparer du pain, l'aliment de base, notamment pour les familles les plus pauvres du Yémen.
Alors que ses employés s'affairent à cuire des petits pains et des tartes dorées, le boulanger avoue devant son four qu'il a dû utiliser du bois en raison de la forte augmentation du prix de l'essence et du carburant.
Il explique que s'il ne l'avait pas fait, il aurait été contraint d'augmenter ses prix compte tenu de
l'augmentation du coût du carburant. "Nous utilisons du bois de chauffage pour donner aux gens ce dont ils ont besoin", a-t-il déclaré à l'AFP, appelant le gouvernement à aider les commerçants à faire face à la hausse des prix de l'énergie
Selon l'expert en environnement Anwar al-Shazly, plus de six millions d'arbres ont été abattus depuis le début de la guerre, notamment à Sanaa, où ils sont largement utilisés dans les boulangeries et les restaurants, selon les chiffres officiels.