Ç’aura été sans grande surprise l’occasion d’un des échanges les plus vifs entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors de leur débat télévisé, mercredi 20 avril. Depuis près de quinze jours, les deux candidats du second tour de l’élection présidentielle se livraient des escarmouches à distance sur l’interdiction du port du voile islamique sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public, que promet d’instaurer la candidate du Rassemblement national. Devant les téléspectateurs, le président sortant l’a accusée de conduire « à la guerre civile » avec un projet qui n’aurait « aucun sens », serait « infaisable » et trahirait « la France de l’universalisme » ainsi que sa Constitution.
La question directe des journalistes arbitres du débat – « changerez -vous les règles qui régissent le port des signes religieux dans l’espace public ? » – a contraint Mme Le Pen à sortir du flou qu’elle avait projeté ces derniers jours sur sa proposition initiale d’interdire de but en blanc le port du foulard aux musulmanes qui s’en couvrent la tête, sous peine de se voir infliger une amende. Cela ne s’est d’ailleurs pas fait sans un début de lapsus : « Je suis contre l’interdiction… je suis pour l’interdiction du voile dans l’espace public, a déclaré la candidate d’extrême droite. Je l’ai dit de la manière la plus claire. »
Samedi 16 avril, Marine Le Pen avait semblé lâcher du lest en renvoyant ce « problème complexe » à une discussion parlementaire et à un hypothétique référendum. Mercredi, elle a coupé court à ce début de recul. Elle a de nouveau affirmé qu’elle ne s’attaquait pas ainsi à un signe religieux, mais à un symbole idéologique, l’islamisme, qui veut selon elle « imposer la charia » à une République qu’elle veut « fière d’elle-même, pas honteuse ».