Les débats récents autour des propos jugés méprisants de Gérald Darmanin remettent sur le devant la scène la question de la considération que porte l’État aux outre-mer. En tant qu’employeur, il est fréquemment accusé de préférer recruter des « métros » aux postes à responsabilité. Quels sont réellement les différents profils d’emploi dans le secteur public outre-mer ?
L’appellation DROM-COM désigne un ensemble de régions françaises qui, malgré la diversité de leurs contextes géographiques et sociaux, partagent des traits liés à leur histoire coloniale et à un traitement commun par des politiques publiques ciblées.
C’est en particulier le cas de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion, départements d’outre-mer depuis 1946. Les conflits sociaux récurrents y mettent en lumière l’ampleur des inégalités qui les affectent : la question des écarts locaux de niveaux de vie y est indissociable de celle du maintien de différences structurelles entre ces départements et l’Hexagone.
Un des épisodes les plus marquants de la période récente est le mouvement de grèves générales débuté en Guyane en novembre 2008, avant de gagner les Antilles, puis La Réunion, pour ne s’éteindre qu’en mars 2009. On peut aussi citer l’ampleur inédite qu’a prise le mouvement des « gilets jaunes » à La Réunion en 2019.
Le secteur public outre-mer, une source d’emplois et de mobilités
L’accès à l’emploi est au cœur de ces tensions : en 2018, alors que le taux de chômage s’élevait à 9 % dans l’Hexagone, il était de 23 % en Guadeloupe, 18 % en Martinique, 19 % en Guyane et 24 % à La Réunion. Ce contexte accroît le rôle du secteur public, qui offre des opportunités d’emploi aux personnes les plus touchées par le chômage, notamment à travers des dispositifs comme les contrats aidés.
Le secteur public est aussi associé à la venue de fonctionnaires depuis l’Hexagone, souvent recrutés pour occuper des postes à responsabilités. Cette situation peut donner l’impression aux populations natives des outre-mer d’être cantonnées à des postes subalternes et précaires, alors que l’État continuerait de leur préférer des « métros » (des métropolitains) aux postes d’encadrement.
Elle est accentuée par l’existence d’un ensemble de primes dites de « vie chère », le plus souvent réservées aux fonctionnaires statutaires, qui augmentent les écarts de revenus entre ces derniers et le reste de la population active.
Le recrutement de personnes originaires de l’Hexagone aux postes d’encadrement du secteur public outre-mer est fréquemment justifié par leurs qualifications : les personnes nées dans les DOM ayant des niveaux de diplômes en moyenne inférieurs, elles ne seraient pas en mesure de répondre aux besoins en main-d’œuvre qualifiée du secteur public.