Kaja Kallas, celle qui, ces dernières semaines, a gagné le surnom de « nouvelle dame de fer de l’Europe » en raison de ses attaques implacables contre Vladimir Poutine, risque-t-elle de perdre son poste de première ministre de l’Estonie ? Sous sa direction très ferme, l’Estonie est, avec la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, à la tête du camp des jusqu’au-boutistes qui prônent la défaite de la Russie pour sauver l’Ukraine et, au-delà, l’Europe.
En place depuis janvier 2021, Kaja Kallas a renvoyé, vendredi 3 juin, les sept membres du Parti du centre (centre gauche), dirigé par l’ancien premier ministre Jüri Ratas (2016-2021). Elle se retrouve à la tête d’un gouvernement désormais minoritaire.
Depuis, les tractations vont bon train entre différents partis pour former une nouvelle coalition dont elle pourrait faire les frais, ainsi que l’Ukraine, par ricochet. Le Parti populaire conservateur (EKRE, extrême droite), qui participe aux discussions, a ainsi fait des déclarations ces derniers mois, appelant à cesser d’accueillir les réfugiés en provenance d’Ukraine et à fermer les frontières.
« Si Kaja Kallas doit quitter son poste, l’Ukraine perdra un partisan fort et visible », estime Kristi Raik, directrice de l’Institut estonien de politique étrangère. « Et la position internationale de l’Estonie en souffrirait », ajoute Heiko Pääbo, politologue à l’Institut d’études politiques de Tartu.