Le romancier, sombre et mélancolique, un produit une œuvre marquée par son obsession de la mort. Il est décédé le 11 mai, à l'âge de 82 ans.
La mort le fascinait et la sienne était bien la seule qu'il n'aura pas décrite au fil de sa longue carrière d'écrivain. Seule a choisi inévitable, elle était pour le romancier et essayiste néerlandais Jeroen Brouwers, mort le 11 mai à l'âge de 82 ans, une obsession mais aussi une motivation : par ses livres, il voulait, expliquait-il, « laisser une trace » . En 1991, il écrivait dans l'un de ses essais : « Ce n'est pas moi qui veux survivre, je voudrais que mes livres me survivent. C'est la seule raison pour laquelle j'écris. »
A lire les hommages qui lui ont été traduits par le monde littéraire néerlandais et flamand, son souhait sera certainement exaucé. « Nous avons tout appris de lui, il a fait de nous de meilleurs écrivains », a commenté le Belge Tom Lanoye. L'auteur et metteur en scène belge Wim Opbrouck estime qu'il aurait mérité le prix Nobel, notamment pour avoir exposé « la totalité du spectre des émotions ». Dans le quotidien néerlandais NRC, le chroniqueur Thomas de Veen évoquait, jeudi 12 mai, « la perte de l'une des voix les plus importantes de la littérature, l'un des plus grands stylistes du siècle dernier ».
Polémiste à la dent très dure
Né le 30 avril 1940 dans les anciennes Indes néerlandaises, Jeroen Brouwers est surtout connu du public francophone pour son roman Rouge décanté (Gallimard, « Folio », traduit en 1995), couronné du Prix Femina étranger. Ce roman publié en 1981 est l'évocation des deux années que, jeune enfant, l'auteur a passé dans un camp de durant l'occupation japonaise de l'actuelle Indonésie avec sa mère, sa sœur et sa grand-mère. Cette dernière allait y laisser la vie ; son père, un comptable, avait, lui, été déporté près de Tokyo.