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Le bronzage, une image de marques

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A chacun sa façon de fermer une veste ou de nouer un foulard : autant de tics et de modes qui signent une silhouette et font son originalité. Cette semaine, l’art d’arborer avec grâce les empreintes engendrées par l’exposition au soleil. 

Les mille et une empreintes que le soleil inscrit sur la peau révèlent beaucoup, et sans doute un peu trop. Avant que les congés payés, le tourisme balnéaire et le bronzage ne deviennent accessibles au plus grand nombre, ces marques se portaient comme des stigmates. Propres aux ouvriers agricoles, ­parfois appelés rednecks aux Etats-Unis, au corps brûlé par le soleil, et synonymes de travail pénible en extérieur, elles étaient réservées aux prolétaires.

Avant que, dans les années 1920-1930, les oisifs, aussi libres de leur corps que de leur temps, ne prennent tout le loisir de peaufiner un hâle harmonieux et doré qui les illumine de la tête aux pieds. A la faveur de la révolution culturelle et sexuelle des années 1960, cette partition sociale de la peau va connaître un bouleversement dont le cinéma sera le témoin.

Parmi elles : Anne Bancroft, alias Mrs Robinson dans Le Lauréat, qui, dirigée par Mike Nichols, incarne une sensualité plus frontale. En atteste la scène où, se présentant entièrement nue devant un Dustin Hoffman tout chose, sa poitrine et son bassin font l’objet de plans furtifs, répétés, paniqués. Zones défendues de chair blanche, qui contrastent avec le ton caramel, presque indélébile, d’une peau jour après jour exposée et réexposée au désœuvrement d’une vie bourgeoise passée à boire et à lézarder.

Dans les années qui suivent, les modes de vie évoluent, les loisirs d’extérieur se multiplient et le nombre d’employés et de cadres augmente prodigieusement. Leurs corps, cachet d’aspirine l’année, bicolore l’été, représentent un nouveau standard. Une certaine fierté anime même les individus à l’idée d’arborer les traces de leur semaine passée sous l’astre roi : qu’il s’agisse de celles laissées par des lunettes de soleil, signe d’un séjour à la montagne ou au bord d’une mer lointaine, par des chaussettes après une semaine saine de crapahute, un maillot à la mode ou une montre imposante…

Mouchard social, motif érotique ou comique (Christian Clavier dans Les Bronzés), les marques de bronzage sont également un indicateur de gestion de son capital solaire. Enfin, souvenir de vacances, de la vacance et du bon temps, elles nous ramènent à ces moments fugaces qu’on voudrait d’éternité.

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A chacun sa façon de fermer une veste ou de nouer un foulard : autant de tics et de modes qui signent une silhouette et font son originalité. Cette semaine, l’art d’arborer avec grâce les empreintes engendrées par l’exposition au soleil. 

Les mille et une empreintes que le soleil inscrit sur la peau révèlent beaucoup, et sans doute un peu trop. Avant que les congés payés, le tourisme balnéaire et le bronzage ne deviennent accessibles au plus grand nombre, ces marques se portaient comme des stigmates. Propres aux ouvriers agricoles, ­parfois appelés rednecks aux Etats-Unis, au corps brûlé par le soleil, et synonymes de travail pénible en extérieur, elles étaient réservées aux prolétaires.

Avant que, dans les années 1920-1930, les oisifs, aussi libres de leur corps que de leur temps, ne prennent tout le loisir de peaufiner un hâle harmonieux et doré qui les illumine de la tête aux pieds. A la faveur de la révolution culturelle et sexuelle des années 1960, cette partition sociale de la peau va connaître un bouleversement dont le cinéma sera le témoin.

Parmi elles : Anne Bancroft, alias Mrs Robinson dans Le Lauréat, qui, dirigée par Mike Nichols, incarne une sensualité plus frontale. En atteste la scène où, se présentant entièrement nue devant un Dustin Hoffman tout chose, sa poitrine et son bassin font l’objet de plans furtifs, répétés, paniqués. Zones défendues de chair blanche, qui contrastent avec le ton caramel, presque indélébile, d’une peau jour après jour exposée et réexposée au désœuvrement d’une vie bourgeoise passée à boire et à lézarder.

Dans les années qui suivent, les modes de vie évoluent, les loisirs d’extérieur se multiplient et le nombre d’employés et de cadres augmente prodigieusement. Leurs corps, cachet d’aspirine l’année, bicolore l’été, représentent un nouveau standard. Une certaine fierté anime même les individus à l’idée d’arborer les traces de leur semaine passée sous l’astre roi : qu’il s’agisse de celles laissées par des lunettes de soleil, signe d’un séjour à la montagne ou au bord d’une mer lointaine, par des chaussettes après une semaine saine de crapahute, un maillot à la mode ou une montre imposante…

Mouchard social, motif érotique ou comique (Christian Clavier dans Les Bronzés), les marques de bronzage sont également un indicateur de gestion de son capital solaire. Enfin, souvenir de vacances, de la vacance et du bon temps, elles nous ramènent à ces moments fugaces qu’on voudrait d’éternité.

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