Selvin Allende n'en peut plus. Avec sa fille d'un an sur les épaules et son épouse enceinte, il finit de traverser le Rio Grande, de la ville mexicaine de Piedras Negras vers sa jumelle américaine Eagle Pass, au Texas. Une traversée périlleuse que des dizaines de milliers de migrants entreprennent tous les ans à la recherche d'un avenir meilleur.
La famille a quitté son domicile, au Honduras, à cause de la délinquance et du manque d'emplois, et a accompli un long voyage en train et à pied pour arriver ici.
Un calvaire qui tourne parfois à la tragédie, comme pour les 53 migrants décédés après avoir suffoqué dans un semi-remorque à San Antonio.
Au côté de Selvin Allende, son épouse marche d'un air douloureux, les yeux mi-clos, vers la police des frontières qui les attend sous l'un des ponts qui relient le Mexique aux Etats-Unis. En tout et pour tout, leurs affaires remplissent deux sacs plastiques.
Les agents passent leurs passeports en revue, ainsi que ceux d'autres personnes récemment arrivées, et les embarquent pour examiner leurs demandes d'asile.
La scène se répète plusieurs fois par jour sous le regard résigné des forces de l'ordre. "Ça ne s'arrête jamais. Ils peuvent traverser n'importe où et n'importe quand", dit un soldat de la Garde nationale souhaitant rester anonyme.