Malte fête les 5 ans de l’assassinat d’un journaliste et demande justice

LA VALETTE, Malte - Malte a souligné dimanche le cinquième anniversaire du meurtre à la voiture piégée de la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia avec des appels à la justice, deux jours seulement après que deux suspects clés eurent changé de cap et plaidé coupables de meurtre au premier jour de leur procès.

L’archevêque de la petite nation insulaire méditerranéenne, Charles Scicluna, a célébré une messe matinale dans la petite église de Bidnija, près de l’endroit où vivait Caruana Galizia, faisant plusieurs références au besoin de justice même lorsque cela met les puissants mal à l’aise.

« La question à laquelle nous devons répondre, avant de nous plaindre à Dieu, est : faisons-nous notre part », a déclaré Scicluna aux fidèles. Ou est-ce que notre silence, notre complicité, notre peur, empêchent Dieu d’apporter la justice ? »

Caruana Galizia, qui avait beaucoup écrit sur son site Web « Running Commentary » sur la corruption présumée dans les cercles politiques et commerciaux de la nation de l’UE, a été tuée le 16 octobre 2017 lorsqu’une bombe placée sous sa voiture a explosé alors qu’elle conduisait près de chez elle. Le meurtre a choqué l’Europe et déclenché des manifestations de colère à Malte.

Un rapport d’enquête publique de 2021 a révélé que l’État maltais « doit assumer la responsabilité » du meurtre en raison de la culture de l’impunité qui émanait des plus hauts niveaux du gouvernement. Mais pas plus tard que le mois dernier, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe avait dénoncé « l’absence de résultats effectifs dans l’établissement de la responsabilité ».

Lorsque le procès des frères George Degiorgio, 59 ans, et Alfred Degiorgio, 57 ans, s’est ouvert vendredi, les tueurs à gages présumés ont renversé leurs plaidoyers et plaidé coupable d’avoir commis le meurtre et ont été condamnés à 40 ans de prison chacun. La condamnation a porté à trois le nombre de personnes purgeant une peine, après que Vincent Muscat a plaidé coupable l’année dernière pour son rôle dans le meurtre et a été condamné à 15 ans de prison.

Le gouvernement et l’opposition ont tous deux salué la condamnation de vendredi comme un pas en avant, mais ont déclaré que justice devait encore être rendue.

« Daphné ne peut toujours pas écrire son blog, profiter de ses enfants et petits-enfants, potier dans son jardin ou être avec ses proches », a écrit la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, sur les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, ce n’est pas la justice, c’est un petit pas. Maintenant, pour ceux qui l’ont commandé et payé, ceux qui les ont protégés et ceux qui ont passé des années à faire tout ce qui était imaginable pour essayer de le dissimuler. »